Groenland - L'UNESCO a inscrit au patrimoine mondial les terres agricoles des colons vikings et des Thuléens
- Le 22/07/2017
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Les vestiges de Kujataa, situé au Sud du Groenland, témoignent de la présence des colonies nordiques et de leurs voisins inuits. Début Juillet, l'UNESCO a inscrit l'ancien paysage agricole au patrimoine mondial.
Kujataa est un paysage agricole subarctique situé dans la région méridionale du Groenland, dont la surface avoisine les 350 km². Son caractère vert et luxuriant a incité les premiers colons nordiques à nommer l'île Greenland [i.e "Terre verte"]; à Kalaallisut, elle est appelée Kalaallisut Nunaat, "Terre des Kalaallit". Ceci témoigne du millier d'années durant lequel chasseurs et de cueilleurs ont exploité le paysage de nombreuses façons. Plus tard, à la fin du Xème siècle, les hommes du Nord ont commencé à arriver par bateau non seulement pour faire le commerce des fourrures et de l'ivoire de morse avec les Inuits, mais aussi pour s'installer.
L'histoire raconte qu'en 985, Erik le Rouge au départ de l'Islande, a navigué vers l'Ouest . Avec ses navires, il a contourné la pointe Sud de l'île et s'est installé dans les prairies luxuriantes de ce qu'il a appelé Eystribyggð, soit la colonie de l'Est. Plus tard, il a navigué plus à l'Ouest et a exploré le Vinland, aujourd'hui appelé "Terre-neuve".
Ce fut cependant à Brattahlíð, situé à la tête du fjord de Tunulliarfik, près de Narsarsuaq, qu'il a construit la première ferme, une chapelle et plus tard une église. Cette première implantation en a encouragé de nombreuses autres. À partir de là, les colons vikings ont continué à cultiver la terre et à explorer la région en chassant et en pêchant jusqu'à ce que leurs descendants s'en retournent dans la première partie du XVème siècle. Les fouilles des fermes ont montré qu'il était alors courant d'avoir au moins une ou deux vaches, des moutons, des chèvres et des chevaux. Plus tard - du moins à partir du XIIIème siècle - les Inuits de la Culture de Thulé ont investi la région.
L'ivoire, entre prospérité et décadence
La chasse au morse, et l'ivoire en particulier, ont été un élément essentiel de l'économie; peut-être même la plus importante raison pour laquelle les colonies ont prospéré. En 1327, 802 kg de défenses d'ivoire représentaient ainsi la valeur de 780 vaches ou poissons séchés. Il n'est pas étonnant que les colons nordiques aient continuellement été en contact avec les marchands et les navigateurs désireux de fournir aux agriculteurs des fournitures de natures diverses, ainsi que des artisans, comme par exemple les tailleurs de pierre qui ont construit la cathédrale de Gardar. Les études portant sur les vêtements mis au jour à Herjolfsnæ ont démontré que les gens étaient très conscients de la mode qui régnait plus au Sud.
La population nordique du Groenland a pu s'élever de 2000 à 3000 personnes et a été gérée à la fois par une administration ecclésiastique et l'établissement d'une administration séculaire - le Thing - basée à Gardar.
Avec une ultime mention dans les sources écrites au milieu du XVème siècle, les archéologues et les historiens ont débattu au sujet de l'abandon des colonies qui a apparemment eu lieu. L'explication généralement admise est que les revenus de l'ivoire sont devenus de moins en moins stables au moment où l'Europe, dès le début du XVème siècle, fut inondée d'ivoire de morses en provenance de Russie et de défenses d'éléphant venant d'Afrique. Dans le même temps, le petit Âge de Glace et son climat plus rude ont rendu l'entreprise de plus en plus risquée pour oser s'engager dans le commerce avec les colons nordiques du Groenland. En outre, les études sur leur alimentation ont montré qu'elle a été de plus en plus complétée par la chair des phoques, des baleines et des poissons. On pense à présent que les gens ont lentement immigré vers des climats plus chauds et plus cléments. Les gens n'ont pas vraiment disparus. Ils ont simplement emballé leurs affaires et sont partis pour trouver mieux ailleurs.
Plus tard au XVIIIème siècle, les agriculteurs inuits ont commencé à explorer de nouveau les ressources du territoire, et aujourd'hui, la région est célèbre pour son agriculture subarctique, qui représente sa principale activité commerciale. Avec l'élevage de moutons, les petits troupeaux de bovins et l'agriculture pour la production fourragère, l'accent est principalement mis sur l'élevage. Mais les légumes - pommes de terre et autres tubercules comestibles- sont également largement appréciés en raison de leur caractère savoureux. Pour les colons nordiques comme pour les Inuits, cependant, la survie dépendait toujours de la chasse et de la pêche en complément.
Une inscription au patrimoine mondial de L'UNESCO porteuse d'espoir
Le paysage recèle donc les vestiges à la fois des colons nordiques et des chasseurs-cueilleurs thuléens. Les ruines de Sissarluttoq (vestiges nordiques), de Qaqortukulooq / Upernaviarsuq (église de Hvalsey), de Qassiarsuk (Brattahlíð) et Igaliku (le centre épiscopal de Gardar), qui témoignent du patrimoine nordique sont d'importance primordiale. [ cf. Sites vikings au Groenland]
Toutefois, il reste de nombreux autres vestiges qui n'ont pas encore été mis au jour, et l'un des avantages de l'inscription du site au patrimoine mondial par l'UNESCO est que les communautés locales vont désormais bénéficier d'un soutien dans un effort plus rigoureux visant à préserver et documenter les ruines et les vestiges archéologiques de la région.
Un défi spéficique est de protéger le paysage des pratiques agricoles trop invasives favorisées par les possibilités liées aux changements climatiques.
Un autre problème est que le Groenland manque d'archéologues professionnels, ainsi que d'experts du tourisme, qui pourraient accorder toute l'attention nécessaire à ce précieux paysage tout en assurant un développement durable de l'industrie du Tourisme.
- Source: www.medievalhistories.com (traduction Kernelyd)
- Site de l'UNESCO: www.whc.unesco.org (en français)
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