France - Le Metal viking, une thèse qui va faire du bruit
- Le 22/06/2018
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Membre de groupes de métal où il jouait de la guitare durant son adolescence, Simon Théodore a décidé de faire de sa passion un sujet d'étude. Depuis deux ans, il mène ses recherches sur le metal viking en France, et plus précisément sur la figure du Viking et la mythologie nordique dans le hard rock.
L'intitulé de la thèse, " Le viking metal en France: approche intermédiale de la réception de la figure du Viking et de la mythologie nordique dans le hard rock (fin XXe-début XXIe siècle)" donne le ton.
Le doctorant a choisi l’univers viking un peu par hasard au début de son master Histoire et Audiovisuel à la Sorbonne. "Je voulais travailler sur le Moyen Âge dans la musique mais c’était trop large, c’est à ce moment que j’ai commencé à m’intéresser à la culture nordique". Pour son doctorat, Simon Théodore contacte des directeurs de thèse potentiels dans toute la France. "Thomas Mohnike, responsable du parcours nordique à Strasbourg, a répondu de manière très enthousiaste. Je n’étais pas du tout initié à l’histoire scandinave, je connaissais les Vikings plus via le cinéma."
Entre vision stéréotypée du Viking et critique de la modernité
"Je travaille sur des groupes nord-européens qui utilisent la figure du Viking ou la mythologie nordique pour critiquer la modernité, les religions monothéistes : voir quelle figure ils montrent du Viking et comment la représentation est construite", explique le doctorant qui s’intéresse à la fois à l’iconographie (pochettes d’album) et aux paroles.
Le traitement par la presse spécialisée est un autre angle d'attaque dans ses travaux. "Je m’intéresse notamment à la représentation de l’époque viking à travers les médias spécialisés dans le metal", poursuit-il. "Et ces médias me donnent accès aux discours des artistes et me permettent de comprendre comment ils l’utilisent". La communication des maisons de disques n'est pas en reste non plus car elles "véhiculent parfois des choses erronées… mais peu importe tant que le message passe. Et je m’intéresse donc à la réception du public."
Simon Théodore note à travers ses premières analyses, une vision stéréotypée d’"un Viking païen, sanguinaire, porté sur l'hydromel et prêt à égorger les chrétiens… alors que la société viking c’est surtout des commerçants et des navigateurs". Ce mythe du Viking est lié à une représentation romantique du Nord avec ses fjords enneigés et ses mers glacées. "Dans la majorité des groupes, on retrouve des accessoires types, la peinture sur le corps, la corne à boire… Il y a des adaptations d’épisodes de mythologie, d’histoires médiévales. Des discours à propos de la nature comme force inspiratrice ou hostile avec des textes souvent en anglais et une volonté de valoriser l’héritage national."
"Le metal c’est plus qu’une musique, c’est une culture"
Les clichés véhiculés sur les Vikings dans le metal font écho aux préjugés que l’on peut entendre généralement sur les métalleux : "Ils n’ont pas forcément les cheveux longs et des habits noirs", souligne Simon Théodore.
D'après le doctorant, c'est une musique qui mobilise énormément d'affect. "C’est plus qu’une musique. C’est une culture, un mode de pensée, l’affirmation d’un style de vie. Ça demande beaucoup d’investissement en fait. Parce que ce n’est pas hyper médiatisé, donc ce n’est pas facile à écouter, de trouver le média qui en parle. Et puis souvent le métalleux va aux concerts, achète les disques, les tee-shirts, c’est donc aussi un investissement financier."
Le doctorant a dénombré environ 400 groupes pratiquant cette musique, une base à partir de laquelle il va devoir définir un corpus. "J’ai beaucoup d’intérêt pour les groupes véhiculés dans la presse musicale et spécialisée soit une centaine au total. La majorité sont scandinaves mais on en trouve aussi au Brésil, en France, aux Etats-Unis…"
Dans la réception de cette musique par les fans français, Simon Théodore observe que ces derniers s’intéressent peu au discours mais plus à l’aspect visuel. "C’est un moyen pour eux d’avoir accès à un imaginaire, un ailleurs. Il y a aussi une dimension politique à la base de la production, qui ne se retrouve pas forcément dans la réception par le public. Elle est en lien parfois avec des mouvances d’extrême droite. Cela pose aussi la question de savoir si l’artiste est à droite ou si c’est un moyen de provoquer ?"
Des interrogations auxquelles le doctorant devrait répondre à travers la rédaction de sa thèse.
- Sources: www.recherche.unistra.fr, www.20minutes.fr
- Ecouter: metal viking
En attendant...
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