Wilfried DESFONTAINES - Artisan maçon et charpentier de marine viking
- Le 13/04/2025
- Dans Entretiens - exclusivité Idavoll
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Depuis quelques années, les projets associatifs de construction de bateaux vikings se multiplient en France comme en témoignent dernièrement les grands chantiers de "La Mora" à Honfleur, "Orkan" à Toulouse ou encore "Olaf d’Olonne", dont la presse s'est fait l'écho.
Les moyens engagés pour vivre une telle expérience d'immersion dans l'histoire ont souvent de quoi impressionner, pourtant il en est quelques-uns à ne pas avoir renoncé à faire de ce rêve une réalité. Wilfried Desfontaines est de ceux-là, seul maître à bord pour donner naissance à son futur bateau, nommé "Argwikor".
Idavoll vous invite à la rencontre d'un entrepreneur sur tous les fronts.
Comment est née l’idée de construire un bateau viking?
L'idée de construire un tel bateau me vient sûrement de mon enfance car étant plus jeune, j'étais déjà passionné et j'aimais me documenter en regardant des livres sur l'époque viking, sur leurs embarcations à tête de dragon. Étant de Normandie, quoi de plus naturel!
De quelle formation disposez-vous pour tout ce qu’il faut savoir faire?
Je n'ai aucune formation de charpente marine, je suis artisan maçon-carreleur, passionné du patrimoine Normand. Nous restaurons les maisons anciennes en respectant l'architecture et les matériaux utilisés à l'époque. Enfant, je voulais être archéologue, j'ai toujours été attiré par les techniques anciennes, alors peut-être que cela m'aide un peu.
Pour quelle raison votre choix s’est-il porté sur une réplique du skuldelev 3, l’un des cinq navires vikings découverts dans le fjord de Roskilde, au Danemark?
J'ai choisi de réaliser la réplique du Skuldelev 3 à l'échelle 1/2 tout simplement parce que j'aime sa forme et aussi en raison de son état de conservation [le mieux préservé des Skuldelev, avec 75 % de sa coque intacte, ndlr].
La conception du bateau a-t-elle nécessité beaucoup de recherches?
Oui ! En effet, il a fallu que je fasse beaucoup de recherches sur Internet. J'ai contacté le musée de Roskilde qui m'a retourné quelques plans en plus de ce que j'avais déjà trouvé.
J'ai regardé des vidéos sur la façon de donner la forme aux bordés, acheter des livres sur les bateaux vikings. Je suis également allé à des fêtes médiévales et vikings pour rencontrer des passionnés ; quelques-uns en avaient réalisés, leurs conseils ont été précieux.
Quelles sont ses dimensions et quelle essence travaillez-vous?
Il mesure 7 m de long et 1,80 m au plus large. La voile, de forme carrée, fait 16m².
Tout est en chêne [comme l’original, ndlr] d’origine locale. Les rivets, environ 600, sont en fer galvanisé, les contre-rivures également et faites manuellement.
Combien de temps consacrez-vous à cette réalisation ? Recevez-vous du soutien matériel ou humain?
J'ai commencé en Octobre 2022. J'y consacre quelques weekends, parfois 1h ou 2 en soirée. C'est compliqué car je suis artisan et on fait déjà beaucoup d'heures. Je pratique aussi pas mal d'activités sportives. Je ne me mets pas la pression.
Je n'ai aucun soutien matériel. Ma famille - mes deux fils, mon père et mon frère – viennent juste en renfort pour placer les planches de bordés, sinon je travaille seul le reste du temps. Au mois de Mars 2025, j'en suis à environ 480 heures.
Avez-vous uniquement recours aux techniques de construction de l’époque?
Oui, j'ai recours à toutes les techniques de l'époque, hormis le débitage des planches que j'ai fait en scierie. Parfois, j’utilise quand même un peu de matériel électrique!
Les rivets et contre-rivets sont en fer mais galvanisés pour davantage de résistance en milieu salé.
Par contre, la taille du bois se fait essentiellement à la hache, à l'herminette et aux ciseaux à bois. Le cintrage des planches s’effectue sur la braise avec un arrosage à l'eau. Le calfatage, en lin et chanvre imbibés de goudron de Norvège, respecte la tradition.
Que signifie le nom de votre bateau, "Argwikor"?
ARmand, GWenola, WIlfried , KORentin – avec un "K", Corentin fait plus scandinave (sourire).
À l'heure actuelle, où en êtes-vous sur le chantier. Que vous reste-t-il à faire?
Pour le moment, il me reste les membrures, le gouvernail, le mât et les rames à faire. Je devrais avoir terminé en fin d’année de façon à tout peaufiner début 2026.
Il y a-t-il un lieu et une date prévus pour le lancement d’Argwikor?
L'Argwikor devrait être inauguré au printemps 2026 à Grandcamp-Maisy, mon village et port de pêche. Pour information, Bjorn Côtes de Fer a débarqué à Maisy en 846.
Quels sont vos projets avec Argwikor?
Tout d’abord, je pense passer du temps à me faire la main, prendre l'habitude de naviguer avec, faire des sorties côtières, mais aussi dans les marais. Puis, si l'occasion se présente, je pourrais participer à des fêtes médiévales et vikings.
Quels conseils prodigueriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer dans la même aventure?
Des conseils... Être vraiment passionné et motivé, armé de patience et de persévérance.
Pour clôturer cet entretien, pouvez-vous nous citer quelques unes de vos références sur le thème des Vikings et expliquer votre choix?
Merci beaucoup, Wilfried, pour le temps que vous avez consacré à cet entretien. Bon vent pour tout ce qu'il reste à faire et, surtout, rendez-vous en 2026!
Contact
- Adresse : Zone d'activités Synergie, 14450 GRANDCAMP-MAISY (Calvados)
- Téléphone : 02 31 21 70 99
- Facebook : www.facebook.com/arwikor
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