Suède - Un immense cimetière de l'Âge viking découvert dans le comté de Halland
- Le 20/10/2024
- Dans Archéologie
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Un immense cimetière de l'époque viking a été mis au jour par une équipe d'archéologues, au sud-est de Varberg. Les 139 tombes examinées, quoique gravement endommagées, révèlent tout un pan de l'histoire de la région mais soulèvent aussi de nouvelles interrogations.
Des fouilles préventives ont été diligentées en mai 2017 dans le comté de halland, près du village de Tvååker, avant que la municipalité de Varberg ne lance plusieurs projets d'installation de nouvelles conduites d'eau et de création, le long de la route 760, d'un rond-point et d'une piste cyclable.
Forts de leurs premières découvertes de silex et d'un foyer, les archéologues s'apprêtaient à investiguer un site de peuplement de l'Âge de Pierre quand ils sont tombés par hasard sur un gigantesque cimetière de l'époque viking. Près de 3 ans plus tard, ils dénombraient les vestiges de 139 sépultures avec, entre autres, des ossements d'animaux et humains, des bijoux et des fragments de poterie, des tombes à crémation et des bateaux tombes.
Pourtant, il ne s'agit que d'une infime partie du site funéraire. "Nous n'avons fouillé qu'environ 6% du cimetière", estime Petra Nordin, cheffe de projet à Arkeologerna, principal cabinet de conseil suédois en Archéologie rattaché à l'agence gouvernementale des Musées historiques nationaux (SHM / Statens historiska museer).
Un site difficile à étudier
Face à ce chantier de fouilles, qui a duré jusqu'en décembre 2019 sur une superficie de 3150 mètres carrés, Petra Nordin a dû réorganiser dès la première année le travail de son équipe en procédant par étapes.
"Nous avions trouvé cinq tombes avec des restes osseux et des couches de crémation. Les os provenaient de chiens et d'humains. Nous avons alors réalisé qu’il s’agissait d’un grand cimetière viking sur lequel nous avons décidé de nous concentrer", rapporte-t-elle.
Les archéologues ont toutefois dû surmonter beaucoup de difficultés pour parvenir à interpréter leurs découvertes tant le site a été endommagé. "Le problème, c'est que la terre a été labourée et arasée pour cultiver et créer des pâturages, donc toutes les superstructures ont disparu et les tombes ont été dispersées", explique la cheffe de projet.
"Rechercher des ossements et découvrir des fosses où se trouvaient peut-être des pierres levées, ou des bases de tumuli où manque la superstructure, c'est passionnant, mais incroyablement difficile", confirme un membre de son équipe et co-auteur de l'étude, l'archéologue Anders Kjellin, avant d'ajouter: "Parfois, nous avons utilisé un détecteur de métaux et trouvé à un endroit des objets qui nous permettaient de dire qu'il s'agissait probablement d'une tombe".
Des tombes à crémation et des bateaux tombes
D'après le rapport des fouilles, il est probable que plusieurs centaines d'individus aient été enterrés sur ce site qui s'étend de chaque côté de la route 760.
Bien que des constructions modernes recouvrent la majeure partie du cimetière, un total de 139 sépultures reflétant une grande diversité de coutumes funéraires ont été répertoriées et documentées. Parmi les plus remarquables, il y a les vestiges de trois grands bateaux-tombes, dont un de 50 mètres de long, ainsi qu'une tombe naviforme.
Une zone, en particulier, se distingue par la concentration des tombes à crémation, très répandues à cette époque. "Nous avons souvent trouvé des chiens dans les petites tombes à crémation rondes et des personnes dans celles de forme oblongue", souligne Petra Nordin.
Un peu plus loin, les archéologues ont mis au jour une sépulture de forme carrée parsemée d'éclats de pierre, avec des traces de trois grands bûchers. Cette dernière contenait 17 récipients, des ossements d'animaux et humains, des poids de métier à tisser et des pointes de flèches en fer. "Nous avons interprété le carré comme une construction à ciel ouvert pour une crémation au-dessus du sol", stipule la cheffe de projet.
Artefacts et ossements d'animaux
Le feu des crémations a détérioré la plupart des artefacts découverts au nombre desquels figurent une boucle en forme de cheval qui se mord la queue, un pendentif doré en forme d'oiseau, une broche tortue dorée, une épingle en bronze, des éclats de poterie et le fragment d'une pièce de monnaie arabe en argent. Celle-ci a été datée entre 795 et 806 de notre ère, ce qui concorde avec les plus anciennes tombes du site.
Des ossements d'animaux en tout genre, oiseaux, chiens, bovins et porcs, mêlés aux restes humains témoignent par ailleurs des sacrifices rituels de l'époque.
"Après que les morts aient été réduits en cendres, les animaux non brûlés étaient déposés par-dessus, avant de fermer définitivement les tombes. Les plus courants étaient les animaux d'élevage, comme les vaches, et il s'agit probablement de sacrifices alimentaires", expose Petra Nordin, tout en précisant que le chien, en tant que compagnon, était brûlé avec son maître sur le bûcher.
À la recherche de l'établissement de l'époque viking
Un ancien chemin connu sous le nom de "järnbärarvägen", reliant Spannarp à Gamla Köpstad, passse à travers le cimetière, stratégiquement bien placé dans la plaine sur un léger relief, à proximité de deux voies de transport importantes. À l'est coule la rivière Tvååkersån (anciennement "Uttran") qui se jette à Galtabäck.
Si les premières sources écrites mentionnent le nom du village,Tvååker, ainsi que les toponymes alentour tels que Järnmölle, Järnvirke, Gamla Köpstad, Vare, Galtabäck et Utteros, les archéologues ne savent toujours pas où vécurent les gens enterrés ici.
Tout indique, selon eux, qu'un important établissement s'est développé très tôt dans la région, dès le début de l'Âge Viking. Mais ils ne peuvent qu'émettre des hypothèses quant à son emplacement. La découverte de ce site funéraire constitue donc une pièce importante du puzzle dans la recherche sur l’histoire locale.
"On a notamment évoqué l'existence d'un établissement de l'époque viking à Gamla Köpstad, au sud de Varberg, ou au port de Galtabäck. Le village se trouvait-il à l'embouchure de la rivière deTvååker ou près du cimetière? Nous n'en savons rien. Mais cela va être intéressant de voir ce qui émergera à l'avenir", conclut Petra Nordin.
- Source: www.arkeologerna.com (traduction et réécriture / Kernelyd)
- Lire le rapport des fouilles: Ett vikingatida gravfält och förhistoriska boplatslämningar
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