Norvège - Le bateau de Gjellestad entre dans l'histoire de l'Âge Viking
- Le 20/01/2020
- Dans Archéologie
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Les archéologues ont confirmé que le bateau-tombe de Gjellestad date de l'Âge Viking. Ils ont pu également déterminé dans quelle région le navire a été construit. Mais il reste, selon eux, beaucoup encore à découvrir, à la fois dans et tout autour de la sépulture, et la conservation du bateau est menacée. Un appel de détresse entendu par le ministre de l'Environnement.
Pendant deux semaines en Août et Septembre 2019, les achéologues ont mené des investigations sur le site du bateau de Gjellestad, découvert fin 2018 à Halden grâce aux relevés d'un géoradar. [Lire sur Idavoll: Un bateau viking découvert grâce au géoradar à Gjellestad]. Ils ont réussi à trouver la quille du navire et ont procédé à des prélèvements d'échantillons de bois pour les analyser. Les résultats viennent de tomber, apportant des réponses très attendues, mais soulevant un faisceau de nouvelles questions de la part de chercheurs inquiets pour sa conservation.
Contemporain des bateaux d'Oseberg et de Gokstad
Il s'est avéré impossible de déterminer avec exactitude l'âge du navire, car des parties du bois de la quille que les chercheurs ont prélevées dans le sol se sont décomposées.
Malgré tout, les analyses scientifiques ont montré que le bois de chêne utilisé pour la construction du navire avait été coupé avant l'an 732. La sépulture pourrait donc dater, d'après les archéologues, d'une période comprise entre la fin du VIIIème siècle et le début du Xème siècle.
"Il s'agit de la première moitié de l'Âge Viking, et cela indique qu'il est contemporain des autres grands navires que nous connaissons en Norvège. Le navire s'inscrit dans un contexte que nous connaissons déjà, tout en étant un nouvel élément nous permettant d'aller plus loin dans l'histoire", a déclaré Christian Løchsen Rødsrud, responsable des opérations de fouille archéologique au Musée d'Histoire culturelle.
Bien qu'aucune trace d'un défunt n'ait encore été décelée dans le bateau-tombe, Rødsrud est pour le moins certain qu'il s'agit d'une personne de grande importance, issue des classes sociales supérieures. "Ou davantage... Il y avait deux femmes dans la tombe d'Oseberg, il est donc possible que cela ne se limite pas à une seule personne."
Une redistribution des lieux de pouvoir
Il est fort probable, d'après les chercheurs, que la personne enterrée dans le bateau-tombe de Gjellestad ait vécu en même temps que les femmes d'Oseberg ou l'homme de Gokstad. En tant que membres de la classe dominante, ils se sont très probablement connus, même s'ils vivaient en face les uns des autres, de chaque côté du fjord d'Oslo.
La ou les personnes qui sont enterrées dans le navire de Gjellestad ont vécu à une époque difficile. De nombreux rois cherchaient à asseoir leur position et renforcer leur pouvoir. Les énormes tertres funéraires dans le paysage environnant commémoraient leur suprématie, les navires étaient des symboles de leur statut et la coutume de se faire enterrer dans de beaux bateaux était répandue des deux côtés du fjord d'Oslo.
En raison des grands navires mis au jour à Oseberg et Gokstad, les chercheurs ont supposé que le centre du pouvoir à l'Âge Viking était situé du côté ouest du fjord. La découverte du bateau de Gjellestad pourrait apporter un nouvel éclairage sur les relations entre les différents lieux de pouvoirs à l'échelle du nouveau comté de Viken [comté de Norvège créé le 1er janvier 2020 par la fusion des comtés d'Akershus, de Buskerud et de l'Østfold]. "Le bateau de Tune a également été trouvé dans le comté d'Østfold. Il s'agit du deuxième navire que nous trouvons ici, et il témoigne d'une puissance similaire de ce côté du fjord d'Oslo. Lorsque nous mettons cela en perspective, cela pourrait signifier que le Vestfold n'a pas été un centre de pouvoir aussi important que nous le pensions jusqu'à présent", a souligné Rødsrud.
Une longue histoire
L'endroit où le navire de Gjellestad a été trouvé a cela de particulier qu'il est riche en découvertes de différentes périodes, et qu'il s'est tenu ici une activité remontant à environ 1500 ans avant notre ère. " Il est possible de voir quelque chose de similaire à Borre dans le Vestfold, où un site funéraire viking est implanté dans un contexte plus ancien avec des tumuli monumentaux et de grandes maisons longues. Celui de Gjellestad s'étend encore plus longtemps dans la durée. En comparaison, par exemple, [le bateau de] Gokstad, dans les environs de Sandefjord, a été trouvé dans un contexte datant strictement de l'époque des Vikings", a précisé Rødsrud.
Les vestiges de peuplement sur le site remontent à l'Âge du Fer pré-romain, environ 500 ans avant notre ère. Les archéologues ont dénombré plus de 15 sépultures dans la même zone, mais il y en a probablement encore plus. Le tumulus voisin appelé "Jellhaugen" a été construit pendant la période de migration, vers 500 de notre ère et il s'agit du deuxième plus grand tertre funéraire de Norvège, visible de loin. La zone était donc un lieu de sépulture bien établi lorsque le bateau de Gjellestad et la ou les personnes à son bord ont été enterrés ici.
"Il ne fait aucun doute que cet endroit revêtait une importance particulière. Il s'agissait probablement d'un lieu sacré, qui est passé d'une société classique de l'Âge du Fer avec des habitations cotoyant des tumuli, à un site funéraire seul. Il était logique de s'associer à un symbole de pouvoir déjà implanté dans le paysage, au moment où l'enterrement du bateau de Gjellestad a eu lieu. En utilisant le même cimetière, les personnes au pouvoir se rattachaient à des sites de pouvoir", a expliqué le spécialiste.
Avec la construction du nouveau Musée de l'Âge Viking [Lire: Un nouveau musée de l'Âge Viking à Oslo], ces nouvelles données sur les sépultures de l'époque tombent à point nommé: "Le bateau de Gjellestad fait partie de cette histoire, bien qu'il ne se soit pas conservé aussi bien que les autres navires du musée. Il a probablement plus de valeur pour la recherche sur l'Âge Viking qu'il n'a de valeur visuelle en tant qu'objet d'exposition. Mais les connaissances sur cette nouvelle découverte vont compléter l'histoire qui sera présentée dans le nouveau Musée de l'Âge Viking."
Du bois venu de l'Ouest
Lors de ces fouilles préliminaires, la quille s'est avérée différente des autres navires que connaissent Rødsrud et son équipe, ce qui les a surpris. "Elle est beaucoup plus petite, mais elle est susceptible d'apparaître différemment si jamais nous fouillions plus avant le navire. Alors, nous pourrions également en apprendre davantage sur le type de navire dont il s'agit. Nous avons l'espoir de trouver une partie du mât. S'il s'est conservé, cela pourrait nous aider à déterminer à quel type de voilier nous avons affaire."
Les analyses pratiquées sur la quille montrent des similitudes avec le bois des petits bateaux découverts dans la tombe de Gokstad et l'impressionnant navire d'Oseberg, tous construits dans l'ouest de la Norvège. Il est donc probable que le bateau de Gjellestad ait également été construit sur la côte ouest ou sud-ouest.
L'examen des vestiges de deux navires trouvés sur l'île de Karmøy pourrait aider à localiser encore plus précisément le chantier naval à l'origine du navire de Gjelllestad. "Si nous revenons à Gjellestad pour approfondir nos recherches, nous espérons trouver davantage de bois afin de pouvoir clarifier à la fois la datation et l'origine du bois de charpente", a confié Rødsrud.
Des bijoux et des armes?
Le responsable pense qu'il est encore possible de faire de nombreuses découvertes intéressantes dans la tombe. "Les fouilles de cet automne ont concerné la partie du navire qui se trouve dans les pires conditions de conservation. Nous espérons qu'il puisse peut-être rester quelque chose des panneaux du plancher plus loin. Nous supposons qu'il y a eu une chambre funéraire quelque part dans le navire et qu'au moins une personne est enterrée là avec les objets requis pour l'au-delà. Il devrait également être possible de trouver des traces de certains rituels importants qui se déroulaient lorsque quelqu'un passait de l'autre côté, par exemple, nous pourrions trouver des restes d'animaux après sacrifices. Les objets métalliques, eux, se seront conservés", a-t-il dit.
Ce que les archéologues peuvent espérer trouver comme objets funéraires dépend de la question de savoir s'il s'agit de la sépulture d'une femme ou d'un homme: "Dans la tombe d'un homme, nous trouverons probablement des armes, dans la tombe d'une femme probablement plus de bijoux. Mais les deux devraient contenir des articles ménagers comme des seaux, des récipients, coupes et poteries."
Les artefacts les mieux conservés seront probablement tous les objets en métaux précieux tels que l'or et l'argent, mais aussi le verre et les pierres des bijoux.
De l'urgence d'intervenir
L'ensemble de la zone autour du bateau de Gjellestad n'est pas moins digne d'intérêt. À quelques centaines de mètres du bateau-tombe, tout indique la présence d'un important site pour le commerce, comme à Gokstad. L'une des questions que soulève Rødsrud, est donc de savoir ce qu'il en reste, car "le complexe de Gjellestad dans son ensemble pourrait ainsi avoir le potentiel pour devenir l'un des sites les mieux préservés de l'Âge Viking en Norvège." Pour le moment, rien ne dit que d'autres fouilles auront lieu, ni dans combien de temps si la décision devait être prise. Pourtant, cela devient urgent.
Un tertre funéraire recouvrait encore le bateau de Gjellestad jusqu'à la fin du XIXème siècle, époque à laquelle il a été détruit et le champ labouré. L'enlèvement du tertre d'abord, puis le drainage du sol dans les années 1950 ou 1960, n'ont fait qu'aggraver les conditions de conservation du navire, car il a été exposé à l'air et les processus de décomposition se sont intensifiés. Il faut donc faire vite pour que les archéologues aient encore quelque chose à fouiller. Des champignons observés au microscope sur la quille commencent à rendre le bois vulnérable à la pression et aux manipulations. "Nous ne pouvons pas estimer exactement combien de temps prendra la décomposition, mais sur le morceau de quille que nous avons prélevé, les analyses montrent des dégradations de tous côtés sous forme d'attaques fongiques. Chaque année, elles gagnent vers l'intérieur. De même, les sécheresses comme celles que nous avons connues en 2018 ne feront qu'empirer la situation", a averti le responsable des fouilles.
"Si ce qui reste du navire de Gjellestad devait être mis au jour, il faudrait agir in situ pour assurer sa conservation dans le temps, car il est beaucoup trop fragile pour être déplacé. Avec les méthodes archéologiques d'aujourd'hui, nous pouvons acquérir beaucoup de connaissances à partir de ce navire, même s'il s'est mal conservé. Les empreintes laissées par les planches, par exemple, peuvent nous permettre de faire une reconstitution précise du bateau-tombe", a conclu Rødsrud avec optimisme.
Des fouilles approuvées par le ministre de l'environnement
Sur la base des résultats fournis par les investigations archéologiques et au regard des risques de détérioration du bateau de Gjellestad, le Musée d'Histoire culturelle d'Oslo (UiO), la municipalité du comté de Viken et la Direction nationale du Patrimoine culturel recommandent désormais qu'une fouille archéologique complète soit effectuée sur le site à Halden. Vendredi dernier, le 17 Janvier, cette recommandation a été présentée au ministre de l'Environnement, Ola Elvestuen, qui a accepté.
"La situation de la découverte est grave, avec de la décomposition et des attaques fongiques. Si la Direction nationale du Patrimoine culturel pense que nous devons procéder à des fouilles maintenant, alors nous le ferons. Il s'agit d'une histoire culturelle importante pour Halden, l'Østfold, le comté de Viken et la communauté internationale", a-t-il annoncé, après s'être rendu sur place.
En attendant, le conseil du comté de l'Østfold a fait un don, au printemps dernier, afin qu'un site Internet soit dédié à l'histoire de Gjellestad et de sa découverte. La version numérique du bateau de Gjellestad est le fruit d'une collaboration entre l'université de l'Østfold, le conservateur du comté de Viken, l'IFE (Institute for Energy Technology) et Nordic Media Lab, sous la direction du professeur agrégé Joakim Karlsen.
Dès à présent, il est possible de survoler Jelllhaugen et les huit autres tertres funéraires, découvrir l'évolution dans le temps de l'établissement, visiter l'une des cinq maisons longues, observer de près le bateau-tombe de Gjellestad et accèder à des interviews des archéologues (sous-titrées en anglais) ainsi qu'à des archives. >>> Rendez-vous sur: www.gjellestadstory.com
- Sources: www.khm.uio.no, www.riksantikvaren.no, www.viken.no (traduction et synthèse Kernelyd)
Experience www.gjellestadstory.no
14.05.2020 - La fouille archéologique du bateau de Gjellestad financée en urgence
Pour la première fois en plus de 100 ans, un bateau-tombe viking va faire l’objet d'une fouille archéologique en Norvège. Et le gouvernement met tout en oeuvre pour qu'elle puisse avoir lieu le plus tôt possible.
La décision a été annoncée ce lundi 11 Mai. Le gouvernement a alloué un budget de 15,6 millions de couronnes (soit 1,4 million d’euros), pour l'excavation du bateau de Gjellestad. "Il est urgent de déterrer le navire", a déclaré Sveinung Rotevatn, le nouveau ministre du Climat et de l'Environnement.
Un plan d'urgence
La Direction du patrimoine culturel, le Riksantikvaren, a recommandé l'intervention en raison du risque de décomposition auquel le navire se trouve exposé.
En effet, l'archéologue Jan Bill avait expliqué au mois de janvier dernier que le navire subit une attaque fongique très dévastatrice. "Et c'est pourquoi nous allouons cet argent dès maintenant, afin de pouvoir conserver le navire autant que possible", a confirmé le ministre.
Les archéologues espèrent commencer la fouille en Juin, mais le parlement doit d'abord se prononcer. Le ministre souhaite que les fouilles débutent au plus tôt. "Nous avons reçu des signaux indiquant qu'il est envisageable de démarrer cela rapidement. Mais le travail qui viendra par la suite et la conservation s'étaleront sur plusieurs années", a-t-il souligné.
Une dépense justifiée
D’après lui, il ne fait aucun doute que cette dépense de l’état est justifiée, malgré l’incertitude quant à ce qu’il reste à découvrir du bateau-tombe: "Nous ne savons pas encore jusqu’à quel point le navire est conservé, et de toute façon ce ne sera pas un navire viking complet, mais il y a beaucoup à apprendre de la quille et d'autres éléments qui peuvent éclairer plusieurs points de l'Histoire de la Norvège."
Håkon Glørstad, directeur du Musée d'Histoire culturelle se réjouit de l’annonce du gouvernement. "Le bateau-tombe de Gjellestad n'est pas dans le même état que les autres navires vikings que nous avons. L'air est entré dans le tumulus, c'est pourquoi il est si important que nous procédions à son extraction afin de pouvoir prendre soin des informations qui s'y trouvent avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il expliqué à son tour.
Pour rappel, les traces du navire viking ont été mises au jour à environ 50 centimètres sous la surface du sol. Les premières analyses effectuées sur la quille ont révélé qu'elle était faite en chêne, et que ce bois datait d’une période comprise entre 603 et 724, ce qui place la construction du navire dans la période de transition vers l'Âge Viking.
[Retrouvez le récit de sa découverte et des premières investigations ici: Norvège - Un bateau viking découvert grâce au géoradar à Gjellestad]
- Source: www.nrk.no (traduction et synthèse Kernelyd)
26.06.2020 - Premiers coups de pelle sur le site du navire de Gjellestad
Le ministre du Climat et de l'Environnement, Sveinung Rotevatn, a inauguré ce vendredi 26 Juin le chantier de fouilles archéologiques du navire de Gjellestad.
"Ce navire est une découverte d'une importance nationale et internationale exceptionnelle", a déclaré le ministre du Climat et de l'Environnement Sveinung Rotevatn lors de la cérémonie. Aussi, il n'a pas hésité à retrousser ses manches pour donner les premiers coups de pelle inaugurant le chantier.
Les archéologues vont travailler à Gjellestad durant cinq mois. Leur objectif est de sécuriser ce qui reste du bateau-tombe avant que tout le bois ne soit décomposé par des champignons et autres micro-organismes.
Le travail se déroulera en trois phases. La première consiste à enlever et à tamiser la couche de terre qui se trouve au-dessus du navire. Au cours de la deuxième phase, les archéologues dégageront d'abord la poupe, avant de finalement déterrer le centre puis la proue. C'est à ce stade que les archéologues s'attendent à faire les découvertes les plus passionantes.
Bien que le navire de Gjellestad ne soit pas aussi bien conservé que les navires d'Oseberg, de Gokstad et de Tune, les méthodes d'investigations actuelles autorisent une détection très précise des parties endommagées. Ces données permettront d'envisager une reconstruction du navire avec beaucoup de détails.
Le chantier se déroulera sous une tente et ne sera pas ouvert au public. Néanmoins, des visites guidées de la fouille archéologique sont prévues.
- Source: www.khm.uio.no (traduction et réécriture Kernelyd)
10.07.2020 - Des découvertes par centaine
Le ministre du Climat et de l'Environnement, Sveinung Rotevatn, a donné le premier coup de pelle fin Juin pour l'inauguration du chantier d'excavation du bateau de Gjellestad. Depuis, bien d'autres ont suivi et, avec l'aide d'engins, c'est une couche de terre d'une épaisseur de 20 à 25 centimètres sur 350 m², autour et juste au-dessus de l'endroit où le navire viking repose depuis plus de 1000 ans, qui est passée au crible.
Au fur et à mesure, chaque mètre carré de terre est passé au tamis et abondamment rincé à l'eau. Et les découvertes se comptent déjà par centaine. "Cette fouille est unique pour tous ceux qui travaillent ici - à la fois à cause des découvertes, mais aussi parce que c'est la première fois en plus de 100 ans qu'un bateau-tombe va être mis au jour Norvège", a déclaré Camilla Cecilie Wenn, responsable des fouilles pour le Musée d'Histoire culturelle.
Un puzzle à reconstituer
Wenn estime qu'ils ont jusqu'à présent mis en sachet plus de 100 objets de nature et de taille variables. Les archéologues stockent de la sorte toutes les découvertes qu'ils font dès lors qu'elles atteignent une taille minimale de 4 millimètres.
À cause du labour, les objets ne se trouvent plus exactement là où ils étaient à l'origine. L'équipe enregistre donc soigneusement dans une base de données leur emplacement afin d'avoir un aperçu de leur répartition sur le site. "Les sachets renferment principalement des éléments en fer, des os calcinés, des fragments de poterie, des bouts de silex et des scories provenant de la production de fer", a annoncé l'archéologue.
Tous ici savent que les parties supérieures du navire ont disparu au fil des siècles, et les morceaux de fer éparpillés qu'ils mettent au jour grâce au tamisage, sont probablement les rivets des bordages à clin. "Les pièces que nous trouvons sont tellement exposées à la corrosion qu'elles doivent être radiographiées. De cette façon, nous allons obtenir une image plus claire de ce que cela a été", a indiqué Wenn.
Les études préliminaires menées l'été dernier ont montré que seule la quille du navire est encore préservée et intacte, bien que soumise à une attaque virulente par des champignons. La principale cause de la décomposition du bateau-tombe réside en l'abaissement du niveau des eaux souterraines qui a permis à l'oxygène de pénétrer jusqu'à la quille du navire. Toutefois, les ossements mis au jour semblent contre toute attente, s'être bien conservés, notamment parce qu'ils ont été brûlés.
Un chantier unique en son genre
Ce chantier archéologique est tellement singulier que les chercheurs passent autant de temps à élaborer des méthodes d'investigation qu'à fouiller le site. "Nous n'intervenons généralement pas de cette façon sur les couches supérieures du sol. Nous avons construit les tamis nous-mêmes et ils sont portables afin de pouvoir les déplacer sur chaque parcelle et non pas déplacer la terre vers les tamis" a expliqué la responsable.
Toute la terre a été retirée sur une épaisseur de 20 à 25 centimètres en suivant un quadrillage. Elle est maintenant répartie en 350 tas placés sur de grandes feuilles de feutre destinées à protéger ce qui se trouve encore en-dessous. En effet, il ne reste plus que quelques centimètres de profondeur pour atteindre l'endroit où les archéologues estiment que les vestiges du navire se trouvent. Pour rappel, la quille avait été mise au jour en septembre 2019, à seulement 50 centimètres sous la surface du champ.
D'après l'archéologue, tamiser toute cette terre mètre carré par mètre carré devrait leur prendre au moins 3 semaines. "Malheureusement, nous ne pouvons pas ouvrir maintenant le site au public. Mais il y aura probablement des visites guidées à partir de la semaine 30 [20 Juillet]", a-t-elle annoncé.
- Sources: www.dagsavisen.no, www.khm.uio.no (traduction et synthèse Kernelyd)
23.07.2020 - Ouverture du chantier au public
Tous les mardis et jeudis, des visites guidées sont prévues sur le site de fouille. En raison de la pandémie, seul un nombre limité de personnes peuvent être accueillies à chaque visite. Il est donc obligatoire de s'inscrire à l'avance via le site de réservation pour participer aux visites.
Une fois l'inscription envoyée, une confirmation est envoyée par e-mail dans les 24 heures. En l'absence de réception de cette confirmation, il faudra choisir un autre horaire.
- Source: www.khm.uio.no
27.09.2020 - Les découvertes archéologiques sur le site du bateau-tombe de Gjellestad
Depuis le 26 Juin 2020, date de l'inauguration du chantier du bateau-tombe de Gjellestad par le ministre norvégien du Climat et de l'Environnement, Sveinung Rotevatn, les fouilles ont bien avancé. Plusieurs découvertes ont été faites, suscitant l'enthousiasme des archéologues quant à ce qu'ils pourraient mettre au jour d'ici les prochains mois.
Quel rituel funéraire a eu lieu ici? Qui est enterré dans le navire de Gjellestad? Est-ce le mythique roi Jell? Ou est-ce une reine viking? Jusqu'à quel point le défunt était-il riche? Autant de questions auxquelles les archéologues espèrent pouvoir apporter des réponses grâce aux artefacts qui commencent à apparaître.
Les restes d'un animal
Dernièrement, ce sont les os d'un animal qui ont été mis au jour. Il était très courant de sacrifier des animaux tels que des chevaux, des chiens, des bœufs et d'autres encore dans le cadre du rituel funéraire. Les archéologues n'ont pas encore fini de l'extraire du sol où se dessinent les contours du bateau-tombe de Gjellestad et ils ne savent donc toujours pas de quel type d'animal il s'agit.
Néanmoins, d'après Christian Løchsen Rødsrud, chef de projet des fouilles sur le site, "il est tout à fait probable que ce soit un cheval ou un bœuf comme cela a été le cas pour les bateaux d'Oseberg et de Gokstad. En tout cas, il s'agit ici de quelque chose de grand".
Une perle de verre décorée
Le 14 Juillet, la première perle de verre décorée a été trouvée. Elle date de l'Âge Viking, probablement de la fin du Xème siècle. Comme elle se trouvait dans la couche arable au-dessus du navire, il est difficile pour les chercheurs de déterminer si elle provient du navire viking lui-même.
En 2019, deux autres fragments de perles de verre bleu avaient déjà été découverts dans la même zone. "Les perles étaient des marchandises et elles servaient aussi d'ornement pour les hommes et les femmes, mais il est trop tôt pour dire si elles appartenaient à un homme ou à une femme", a confié Rødsrud. Tout ce dont il est certain, c'est que la perle est venue de loin, ce qui indique que le site a accueilli des personnes de haut-rang: "De telles perles étaient fabriquées dans l'est de la Méditerranée ou au Moyen-Orient".
Un seau et son anse?
Un objet rond et lourd est également apparu mais là encore l'archéologue reste circonspect. Afin d'éviter tout risque de l'exposer à l'oxygène, l'objet a simplement été extrait du sol et transporté encore recouvert de terre pour subir des analyses approfondies en laboratoire.
Il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'un seau ou bien d'un ustensile destiné au travail agricole ou artisanal. "Le bois d'un seau risque fort d'être dans un état de décomposition avancé, mais grâce à la technologie actuelle, nous pouvons être en mesure de déterminer son éventuel contenu" a expliqué Rødsrud, qui espère ainsi en apprendre davantage sur le régime alimentaire et la façon dont les gens se nourrissaient à l'Âge Viking.
En outre, les archéologues ont trouvé un autre objet en fer, mal conservé, qui pourrait potentiellement être l'anse du seau.
Des rivets en grande quantité
Les rivets en fer forgé du navire constituent l'essentiel des artefacts mis au jour jusqu'à présent. Rødsrud estime à près de 3 000 le nombre total de ces éléments de fixation pour un tel bateau construit à clins. "Cela dit quelque chose de la technologie et des ressources utilisées pour l'assemblage du navire", a-t-il souligné.
Un fossé
Autour du navire, un fossé avait été creusé. Il est susceptible d'avoir délimité l'espace où s'est tenu le rituel funéraire. "L'intérieur du cercle était comme une 'scène', c'est là que tout se passait", a indiqué Rødsrud. Selon lui, le bateau-tombe avec le défunt et les divers objets disposés dans la chambre funéraire, sont sans doute restés exposés un certain temps avant qu'un tumulus ne soit édifié pour recouvrir le tout. "Ici, nous avons l'occasion de regarder l'intégralité du rituel, ce que nous n'avions pas pu faire auparavant. C'est très important pour nous".
Un navire à rames ou à voile?
Telle est l'une des grandes questions qui restent en suspens. Les investigations préliminaires ont permis aux chercheurs d'établir que la quille de ce navire est plus petite et plus mince que celles des bateaux d'Oseberg et de Gokstad. Il se peut donc que le navire de Gjellestad ait été un bateau propulsé à la rame.
Alors que la voile était utilisée dans le reste du monde depuis plusieurs milliers d'années, les bateaux à rames furent construits en Scandinavie jusqu'au VIIIème siècle. "La voile est arrivée étonnamment tard en Scandinavie", confirme Arne Emil Christensen jr, directeur du Musée des Bateaux Vikings à Oslo de 1990 à 2006 et responsable de la fouille du navire de Klåstad à Larvik en 1970.
"Un bateau à rames serait une découverte passionnante, car les autres navires vikings célèbres ont eu des voiles. Dans tous les cas, le bateau de Gjellestad aura ses propres propriétés techniques et complétera ainsi de manière significative notre connaissance de l'apparence et de la technologie des navires de l'époque", a fait valoir Rødsrud.
L'espoir de faire de nombreuses autres découvertes
Pour le moment, d'après Rødsrud, ils ne peuvent que spéculer au sujet des découvertes à venir, au fur et à mesure de l'avancée du chantier. Néanmoins, ils espèrent tous trouver de riches objets funéraires, comme cela fut le cas par le passé avec les bateaux-tombes d'Oseberg et de Gokstad.
1. Du matériel de chasse qui pourrait indiquer que le défunt est un homme. "Deux faucons gerfaut ont été trouvés dans le bateau de Gokstad, ce qui constituaient avec un arc et des flèches l'équipement de chasse le plus utilisé". Il y avait aussi deux paons dans le navire de Gokstad qui donnent à penser que le défunt voulait probablement s'inscrire au rang de l'élite européenne ayant des contacts avec le Moyen-Orient.
2. Des armes telles que des épées, des boucliers, des lances et des haches. "S'il s'agit d'un homme, il faut aussi s'attendre à des armes car c'était le symbole du guerrier à cette époque. Les meilleurs guerriers portaient des épées, et dans un bateau-tombe comme Gjellestad, il se peut qu'il y ait un arsenal complet". Néanmoins, le risque est grand que la tombe ait été pillée et que les armes aient disparu, comme cela a été le cas dans la sépulture de Gokstad.
3. Des bijoux, des ustensiles et du mobilier tel que des coffres et des lits, au-delà de toute considération de genre. "S'il s'avère que c'est la sépulture d'une femme, on peut s'attendre à du matériel de joaillerie, quelque chose de flashy et qui donne fière allure".
Généralement, plus il y a d'artefacts, plus le défunt fut prospère de son vivant: "Nous espérons découvrir qui se trouve là", conclut Rødsrud qui rappelle que le bateau-tombe d'Oseberg abritait le dernier repos de deux femmes et Gokstad celui d'un homme. "Peut-être que le navire de Gjellestad est la tombe d'un homme et d'une femme?"
- Sources: www.nrk.no, www.khm.uio.no (traduction et réécriture Kernelyd)
14.07.2020
Le 14 Juillet, la première perle de verre décorée a été trouvée. Elle date de l'Âge Viking, probablement de la fin du Xème siècle. Comme elle se trouvait dans la couche arable au-dessus du navire, il est difficile pour les chercheurs de déterminer si elle provient du navire viking lui-même.
28.09.2020
Découverte d'une nouvelle perle en verre décorée qui se trouvait, comme la précédente l'été dernier, dans la couche arable recouvrant le navire de Gjellestad. Bien qu'il soit difficile à ce stade de déterminer si elles proviennent du navire, les archéologues estiment qu'elles appartiennent au même bijou.
05.10.2020
Découverte d'un rivet à la tête en forme d'ancre à côté de deux rivets plus communs, faite dans la partie médiane du navire, probablement du côté bâbord. Ce type de rivet particulier servait notamment à fixer les membrures du navire aux virures des oeuvres mortes.
Visualiser la modélisation en 3D :
02.12.2020
Découverte de l'empreinte laissée par la corrosion d'une tête de hache au milieu des vestiges de la chambre funéraire du bateau de Gjellestad.
Cette trace d'un objet disparu prouve que la tombe a bien été pillée comme le suggèraient déjà les traces de 2 tunnels creusés jusqu'à la chambre funéraire. D'autres objets sont donc susceptibles de manquer sans que les archéologues puissent savoir ce qu'ils furent.
07.12.2020
Découverte dans les vestiges de ce que les archéologues supposent être la chambre funéraire, d'une perle de 3.7 cm de diamètre qui pèse moins de 30 grammes. Elle pourrait être en ambre.
À proximité, un ensemble de 11 autres perles de différentes couleurs ont pu former à l'origine un bracelet ou être brodées sur un sac.
19.12.2020
Des deux côtés de la chambre funéraire, il y a des restes d'os. Les os longs appartiendraient à des chevaux ou du bétail.
Entre eux, un petit squelette semble correspondre aux restes humains du défunt. À ce stade, les chercheurs ne savent pas encore s'il s'agit d'un homme ou d'une femme.
Aucune trace de mât. Le navire de Gjellestad était propulsé à la rame.
- Sources: www.khm.uio.no, www.facebook.com/VikingShipMuseum (traduction et réécriture Kernelyd)
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