Grande-Bretagne - Une potentielle blessure de combat sur la reconstruction faciale d'une femme de l'Âge Viking
- Le 03/11/2019
- Dans Archéologie
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Pour un documentaire de National Geographic, des scientifiques ont recréé le visage d'une femme de l'Âge Viking dont la sépulture contenait une impressionnante collection d'armes. L'image qu'ils ont obtenue remet en question nombre d'idées reçues.
Lorsque les gens pensent à un guerrier viking, ils imaginent généralement un homme barbu, musclé et terrifiant. En utilisant une technologie de pointe de reconnaissance faciale, des scientifiques britanniques viennent de redonner vie au visage aguerri d'une combattante qui vivait il y a plus de 1 000 ans.
Un visage entaillé par une épée
La reconstruction faciale, particulièrement réaliste, a été réalisée à partir du crâne d'un squelette découvert dans un cimetière viking de Solør, en Norvège, et conservé au Musée d"Histoire culturelle d'Oslo. Ce squelette avait auparavant été identifié comme étant celui d'une femme, mais son lieu de sépulture n'avait pas été considéré comme une tombe de guerrier "simplement parce que l'occupant était une femme", a expliqué Ella Al-Shamahi, exploratrice, paléoanthropologue, biologiste de l'évolution.
Alors qu'ils travaillaient à reconstruire son visage, les scientifiques ont découvert non seulement que la femme avait été enterrée au milieu d'une impressionnante collection d'armes, notamment des flèches, une épée, une lance et une hache, mais aussi qu'elle avait été blessée à la tête, vraissemblablement par une épée. Sa tête, qui reposait sur un bouclier dans la tombe, a été retrouvée avec une entaille assez grave pour avoir endommagé l'os.
Les chercheurs ignorent si la blessure fut la cause de sa mort, car l'examen scientifique a révélé des signes de guérison. Mais Al-Shamahi estime qu'il s'agit là "de la première preuve jamais établie d'une femme viking victime d'une blessure au combat."
"Je suis tellement contente car il s'agit d'un visage disparu depuis 1 000 ans… Elle est soudain devenue très réelle", a déclaré la paléoanthropologue de formation, qui animera prochainement un documentaire de National Geographic présentant cette reconstruction faciale. Le squelette a toujours été identifié comme étant celui d'une femme, mais jamais celui d'une guerrière, même si sa tombe était "totalement emplie d'armes", a ajouté Al-Shamahi.
De telles découvertes "transforment" nos connaissances
Au laboratoire d'anatomie et d'identification humaine qui a travaillé sur la reconstruction, le Dr Caroline Erolin, maître de conférence à l'Université de Dundee en Ecosse, a expliqué que le visage avait été reconstitué de manière anatomique, en faisant apparaître les muscles et les couches de la peau. "La reconstruction qui en résulte n'est jamais précise à 100%, mais elle est suffisante pour permettre à quelqu'un qui l'aurait bien connue dans la vie réelle, de la reconnaître."
La tombe a également été recréée grâce aux nouvelles technologies, de sorte qu'il est possible de voir comment les armes étaient placées autour du squelette. Dans le documentaire, Ella Al-Shamahi parcourt la Scandinavie pour examiner les lieux de sépulture de l'Âge Viking à l'aide de techniques de visualisation reconstituant leur contenu. Elle fait valoir de la sorte que de telles découvertes sont en train de "transformer" nos connaissances.
Parmi les autres squelettes qui font l'objet de nouvelles recherches, figure la guerrière de Birka, découverte en Suède il y a plus d'un siècle entourée de tout un arsenal, et notamment de flèches. Jusqu'à récemment, on supposait qu'il s'agissait de la sépulture d'un homme, mais la science a prouvé qu'il s'agissait bien d'une femme. [cf. Une nouvelle étude vient confirmer l'existence de femmes guerrières à l'Âge Viking]
Concernant cette dernière, Al-Shamahi estime qu'elle "aurait pu être un commandant militaire", bien que certains experts s'opposent toujours à l'idée que les femmes auraient pu investir une telle fonction. Même si elle reconnaît que les femmes risquaient d'être aisément maîtrisées lors de combats au corps à corps, elle soutient qu'elles auraient pu tuer à distance, par exemple en décochant des flèches mortelles à cheval, ce qui les placerait ainsi dans "un rapport de force à égalité avec les hommes."
Le professeur Neil Price, expert de l'Âge Viking et consultant en Archéologie sur le programme télévisé, estime que les découvertes archéologiques remettent en question les postulats: "Il y a tant d'autres sépultures dans le monde viking… Cela ne me surprendrait pas du tout si nous en trouvions plus [de femmes guerrières].”
Le documentaire "Viking Warrior Women" sera diffusé en France sur National Geographic le 1er Décembre 2019, à 20h30 heures.
- Source: www.theguardian.com (traduction et réécriture Kernelyd)
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