Canada - La colonie viking perdue de Hóp se trouverait quelque part au Nouveau-Brunswick
- Le 08/03/2018
- Dans Archéologie
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Il est dit dans les sagas qu'une colonie viking, connue sous le nom de Hóp, s'est établie sur une terre possédant de la vigne sauvage, des saumons en abondance et où les habitants fabriquaient des canoës en peaux de bêtes. Récemment, une archéologue a révélé que cette colonie se trouve probablement dans le nord-est du Nouveau-Brunswick.
D'après les textes, deux colonies auraient été fondées au Vinland. Une au Nord, sans doute celle de l'Anse aux Meadows à Terre-Neuve, qui fut appelé Straumfjörð, en raison des forts courants, par Þorfinnr Karlsefni. Une plus au sud, mentionnnée sous le nom de Hóp dans les sagas, qui aurait été fondée en premier. Elle correspondrait donc au lieu d'implantation de Leif, c'est-à-dire au "véritable" Vinland.
Si Hóp était enfin trouvé, il s'agirait alors du deuxième établissement viking à être découvert en Amérique du Nord [le troisième en fait, si l'on tient compte du site de Pointe Rosée: Une découverte pourrait réécrire l'histoire des Vikings au Nouveau Monde - note Idavoll].
Plusieurs colonies saisonnières
Au fil des décennies, les chercheurs ont suggéré divers endroits où pourraient se trouver les vestiges de Hóp, notamment Terre-Neuve, l'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick la Nouvelle-Écosse, le Maine, la Nouvelle-Angleterre et New York.
Toutefois, en ayant recours à la description de la colonie dans les sagas, et aux travaux archéologiques effectués à L'Anse aux Meadows et sur des sites amérindiens le long de la côte Est d'Amérique du Nord, une archéologue a établi l'emplacement probable de Hóp au nord-est du Nouveau-Brunswick. "Je place Hóp dans la région entre Miramichi et la baie des Chaleurs", a déclaré Birgitta Wallace, archéologue émérite à Parcs Canada, qui a mené des recherches approfondies sur les Vikings en Amérique du Nord.
Selon elle, Hóp n'est peut-être pas le nom d'une seule colonie, mais plutôt celui d'une région où les Vikings ont pu installé plusieurs colonies à court terme dont les emplacements précis variaient d'une année à l'autre. Birgitta Wallace explique que les récits de voyages des Vikings étaient transmis oralement bien avant d'être couchés par écrit, et que Hóp fut peut-être mal interprété, comme étant un seul site, alors qu'il pourrait s'agir de plusieurs colonies saisonnières.
Le Nouveau-Brunswick réunit tous les critères
Birgitta Wallace a constaté que le nord-est du Nouveau-Brunswick est le seul endroit qui répond à tous les critères mentionnés dans les sagas au sujet de Hóp: il possède de la vigne sauvage et du saumon, des bancs de sable et une population autochtone qui utilisait des canoës en peaux. "Le Nouveau-Brunswick est la limite septentrionale pour la vigne, qui n'est indigène ni sur l'Île-du-Prince-Édouard, ni en Nouvelle-Écosse", a-t-elle exposé, en précisant que cette vigne sauvage ne se trouvaient pas non plus dans le Maine.
En outre, des "bancs de sable se trouvent le long des côtes de l'Île-du-Prince-Édouard, du Massachusetts et de Long Island, mais ils sont particulièrement dominants le long de la côte est du Nouveau-Brunswick", a ajouté Birgitta Wallace. Le saumon sauvage était abondant dans l'est du Nouveau-Brunswick à l'époque, alors que les recherches menées par l'archéologue Catherine Carlson ont montré qu'ils n'y en avaient pas dans les sites amérindiens précolombiens du Maine ou de la Nouvelle-Angleterre.
Les Micmacs utilisaient des canoës en peaux dans la région entre Miramichi et la baie des Chaleurs, et cette région était si abondante en saumon sauvage - avant que la pêche intensive au siècle dernier n'entraîne une chute de la population- que les Micmacs accordaient au saumon une valeur spirituelle en l'utilisant comme totem . "La seule zone sur la côte atlantique qui répond à tous les critères de la saga [pour Hóp] est le nord-est du Nouveau-Brunswick", a réaffirmé Birgitta Wallace au webzine Live Science.
Birgitta Wallace a rappelé que des fouilles menées sur le site de la colonie viking de L'Anse aux Meadows ont révélé des vestiges de 3 noyers cendrés et du bois provenant du même arbre, une espèce indigène au Nouveau-Brunswick. Elles ont également mises au jour la présence de frêne blanc, de hêtre, de pruche de l'Est et d'orme blanc, toutes des essences présentes au Nouveau-Brunswick.
À la recherche de Hóp
Bien que Birgitta Wallace ait été en mesure de mieux cibler l'emplacement de Hóp, trouver le site réel sera selon elle, difficile et peut-être impossible.
Hóp était probablement utilisé comme camp d'été, et les tentes ou les bâtiments construits là-bas n'ont dû être utilisés que pendant quelques mois au plus, ce qui les rend difficiles à détecter par les archéologues, a-t-elle expliqué. À la fin de l'été, les Vikings ramenaient probablement avec eux les dépouilles des défunts au Groenland, le port d'attache des Vikings dans la région. De la même manière, tous les outils qu'ils utilisaient étaient sans doute remportés au Groenland ou à L'Anse aux Meadows.
Par ailleurs, les sagas indiquent que les Vikings de Hóp se seraient concentrés sur l'acquisition de bois et de nourriture, une activité qui ne laisse pas de trace importante pour une recherche archéologique, car les matériaux organiques ne se conservent pas bien. De plus, le paysage dans cette région a changé et tout site (ou sites) viking(s) pourrai(en)t être recouvert(s).
"J'espère que tous les archéologues travaillant dans ce domaine garderont les yeux grands ouverts au cas où ils rencontreraient quelque chose qui ne correspondrait pas aux modèles culturels qu'ils se proposent d'explorer", a confié Birgitta Wallace à Live Science.
Un essai contenant certaines des recherches de Wallace a été publié récemment dans le magazine Canada's History.
- Source: www.livescience.com (traduction et réécriture Kernelyd)
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